EXPERTE INVITÉE. Le ghosting, vous connaissez ? Et là je ne parle pas de votre rendez-vous galant du week-end dernier. Les fantômes hantent malheureusement aussi le monde des affaires, même si on n’évoque pas trop la chose.
Ils peuvent prendre plusieurs formes: vous fixez une entrevue avec un candidat. Il accepte. Or, il ne se présente pas à ladite entrevue, et ce, sans même vous avertir. Bien entendu, il ne répondra également à aucun de vos messages de suivi.
Vous faites parvenir un contrat d’emploi à votre futur employé avec qui vous venez de passer plus d’une heure en entrevue. Puis? Plus rien. Le silence. Pire: il signe ledit contrat, mais ne se présentera jamais. Vous l’attendez tout sourire le matin de son premier jour de travail et jamais il ne passera le pas de la porte.
Vous discutez longuement avec un client potentiel. Vous prenez votre soirée pour lui préparer une offre de service que vous lui faites parvenir rapidement. Puis? Rien. Pas de réponse. Pas d’appel. Pas de courriel. Vous faites un suivi parce que vous avez réservé du temps pour vous et votre équipe pour être en mesure de réaliser le travail dans le délai convenu. RIEN. Silence absolu.
C’est ÇA le ghosting! Surréel, non?
Comme entrepreneure, vous dire les émotions que si peu d’égards suscitent chez moi se résume pas mal à déception, indignation et frustration.
Qu’est-ce qui nous autorise en 2023 à faire preuve d’aussi peu de considération?
En psychologie, on décrit le ghosting comme une forme d’évitement pour ne pas faire face à une situation inconfortable, une façon de ne pas avoir à gérer les émotions négatives et l’inconfort qui viennent avec le fait de devoir dire non et de possiblement expliquer pourquoi. La fuite. La solution facile. Certains vont jusqu’à associer le ghosting à une forme de violence psychologique en raison des forts sentiments négatifs qu’il procure.
Vous savez quoi? La vie est faite de choix et d’explications alors aussi bien se pratiquer.
En 2023, on semble penser que parce que plusieurs le font il s’agit maintenant d’un scénario acceptable, une sorte d’acceptation sociale ou de normalisation du ghosting. Le terme a même fait son entrée au dictionnaire Merriam-Webster en 2017 pour vous dire à quel point la pratique se répand.
Personnellement, et peu importe le contexte, je ne me rallierai jamais à l’idée que ce soit correct de ne pas prendre 30 secondes pour signifier à quelqu’un que vous avez changé d’idée, accepté un autre emploi, sélectionné quelqu’un d’autre pour le travail ou encore que votre besoin a évolué. Toutes ces réponses sont mille fois plus acceptables que le son du criquet, même dans un message texte sans couleur et sans nom de 15 mots.
Nous sommes tous occupés et bombardés de messages. Tout va vite. Je cligne des yeux et il est déjà 20h00 ou vendredi. Mais en plus de 20 ans de carrière, je n’ai jamais ghosté qui que ce soit. Jamais. La bienveillance commence par celle qu’on accorde aux autres pour jauger celle qui nous est accordée en retour.
Je passe mes journées au service de clients reconnaissants et satisfaits. J’aimerais être capable de vous dire que je ne laisse pas atteindre par ce genre de comportement, mais j’avoue que c’est plus facile à dire qu’à faire.
J’ai passé l’âge de me cacher ou de regarder par terre pour éviter une conversation difficile, pas vous ?