BLOGUE INVITÉ. L’ex-cycliste professionnelle aujourd’hui consultante et agente de liaison en équité, diversité et inclusion (ÉDI) Julie Hutsebaut a «toujours eu un intérêt marqué pour l’accessibilité en milieu de travail». Mais voilà que son intérêt a pris un tout autre sens il y a quelques années, lorsqu’un trauma crânien l’a conduite en réhabilitation et en rééducation.
Un coup dur autant d’un point de vue personnel et professionnel, puisque sa tête est son outil de travail et qu’elle souhaite toujours performer et être alerte.
Les séquelles de cet accident lui ont toutefois permis de prendre conscience de tout le chemin qui reste à parcourir pour favoriser l’accessibilité et l’inclusion en emploi, ce pour quoi elle en a fait son cheval de bataille.
Conseils aux employeurs
Aux employeurs qui souhaitent en faire davantage, Julie Hutsebaut recommande sans hésiter à se pencher sur l’accessibilité numérique et à développer le réflexe de vérifier si tous peuvent aisément consulter leurs contenus en ligne.
«Si tout le contenu numérique est accessible, on va chercher un grand pourcentage de la population qui n’avait pas accès à ce contenu, comme les personnes ayant un trouble cognitif ou visuel», explique la consultante en ÉDI.
Des outils sont disponibles en ligne pour valider cet aspect.
Adopter une communication inclusive est un autre conseil que Julie Hutsebaut donne aux employeurs. On parle ici d’aller au-delà de la rédaction inclusive non genrée et d’adopter un mode de communication favorisant l’inclusion universelle.
À titre d’exemple, plutôt que de demander à un groupe de se lever sans faire de distinction quant à notre auditoire, elle suggère la formulation suivante : «Pour ceux qui le peuvent, levez-vous.» Votre collègue en réhabilitation à la suite d’une fracture de la hanche vous remerciera de cette attention inclusive!
Les limitations d’un individu sont souvent temporaires ou invisibles, rappelle-t-elle, un handicap n’étant pas toujours synonyme de fauteuil roulant.
Lors du réaménagement de ses locaux, un employeur devrait garder en tête le prisme de l’ÉDI et de l’accessibilité: oui des rampes d’accès, mais aussi des mains courantes, une salle de bien-être, des stores pour contrôler la luminosité pour celles et ceux qui souffrent d’une sensibilité accrue, une salle ou des écouteurs isolés pour les personnes sensibles aux bruits ambiants et des comptoirs plus bas.
La clé, c’est de miser sur des aménagements adaptés à un plus grand nombre d’employés.
D’autres trucs ?
• Prendre des pauses lors des rencontres;
• Des rencontres virtuelles plus courtes ou au moment le plus favorable pour votre collègue dont la concentration est plus difficile en après-midi;
• Développer l’empathie et la bienveillance des gestionnaires : les inciter à prendre les devants et à s’informer auprès de leurs employés, nouveaux et actuels, de leurs besoins particuliers possibles.
Conseils pour les candidats
(Ré)Intégrer le marché du travail avec des limitations demeure un défi de taille. Julie Hutsebaut conseille aux candidats de mettre l’emphase sur leurs compétences; focaliser sur ce qu’ils sont en mesure de faire et non sur ce qu’ils ne peuvent pas accomplir.
La consultante suggère aussi aux candidats souffrant d’un trouble invisible de demander à l’avance les questions ou les sujets qui seront abordés, et ce, afin de favoriser sa préparation et ses chances de bien performer. C’est non seulement une des meilleures pratiques, mais aussi un droit pour ces candidats nous rappelle-t-elle.
En termes de recrutement, Julie Hutsebaut avoue qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire pour favoriser l’accessibilité et l’inclusion. Hélas.
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J’espère avoir ici suscité la réflexion et vous avoir transmis un peu de sa passion pour l’inclusion et l’accessibilité universelle. Cet entretien s’insère dans ma démarche d’inclure plus de collaborations à ce blogue et de mener des échanges avec des gens inspirants dont la mission rejoint la mienne. «Bienveillance pour tous» est le slogan qui teintera mon année 2023, et Julie Hutsebaut l’incarne en tout point.