BLOGUE INVITÉ. Chaque campagne électorale amène son lot d’affrontements et de critiques. À l’ère du virtuel, je ne crois pas me tromper en disant que ces affrontements sont devenus à la fois plus virulents et plus sournois.
Autrefois, menacer de mort un candidat en pleine rue prenait une certaine dose de témérité. Aujourd’hui la protection ressentie par le fait d’être dissimulé derrière un faux profil Facebook ou une adresse IP fait de toute évidence en sorte que plusieurs se sentent autorisés à tenir de propos incendiaires et menaçants à l’endroit d’autrui.
Le début de la présente campagne ne fait pas exception. Menaces de mort. Harcèlement virtuel. Propos haineux. Je salue les chefs et les candidats qui se préoccupent de cette flambée des attaques en ligne et qui tentent de «calmer le jeu».
Je rejoins également en tous points les propos d’André Pratte dans LaPresse du samedi 3 septembre dernier : nous avons tous le droit d’exprimer nos idées, pourvu qu’elles s’inscrivent à l’intérieur des normes démocratiques.
«Dès que ces idées appellent à la violence ou à la haine d’autrui, dès qu’elles incitent au mépris des institutions démocratiques et juridiques, elles franchissent la ligne qui sépare la démocratie de la dictature et de l’anarchie.» – André Pratte
Rester à l’intérieur de ces balises est une responsabilité collective. J’estime cependant que cette responsabilité augmente d’un cran lorsqu’on aspire à être l’élu d’une communauté ou d’un peuple tout entier. Je considère qu’un politicien doit être un modèle pour la population.
On tente de faire de nos milieux de travail, de nos écoles, de nos ligues sportives et de nos milieux de vie des endroits sains et sécuritaires. On multiplie les efforts de sensibilisation, l’établissement de politique et les campagnes qui dénoncent la haine, le harcèlement, la discrimination et les préjugés. Mais encore faut-il que nos élus adoptent un comportement et tiennent des propos qui soient cohérents avec ce qu’on tente de défendre ailleurs. La politique ne fait pas exception, bien au contraire.
Comment réagiriez-vous comme chef d’entreprise si vos employés tenaient des propos qui incitent à la violence ou à la haine au sein de votre organisation ? Vous ne pourriez tolérer de tels propos qui iraient de toute évidence à l’encontre vos valeurs et de vos politiques d’entreprise. Vous agiriez pour faire cesser ces agissements, quitte à mettre le récalcitrant à la porte.
Il y a bien longtemps que j’ai renoncé à l’idée qu’on puisse faire de la politique bienveillante. La politique ressemble bien plus à une lutte constante entre parties et entre élus, une lutte qui prend parfois des allures de far west. Le meilleur exemple étant la tangente qu’ont pris les débats télévisés lors des plus récentes campagnes électorales : des cacophonies insupportables parsemées d’attaques gratuites et de remarques incendiaires, vides de tout propos favorisant ma compréhension des idées mises de l’avant par les différents partis. Je passe.
On m’a perdue il y a bien longtemps pour les débats. J’apprécie les entrevues comme celles réalisées ce dimanche à Cinq chefs, une élection diffusée sur les différentes chaînes de Radio-Canada; une formule intéressante qui fait du bien. Une formule qui incite à un propos modéré et respectueux. Et à des réponses de fond — enfin !
Bien entendu, il n’y a pas d’évolution sans débat. Les nouvelles idées surgissent parfois dans le cadre de conflits. Mais encore faut-il que ce débat se fasse à l’intérieur d’un cadre qui soit acceptable et modéré. Sinon, comment faire comprendre aux électeurs ce qui est acceptable dans notre société ?
Bonne fin de campagne.