BLOGUE INVITÉ. Mais où sont passées nos bonnes manières? Quand je lis que des spectateurs se font expulser d’une salle de théâtre parce qu’ils refusent de s’asseoir au début de la pièce ou que d’autres reçoivent un verre d’alcool au visage parce qu’ils demandent le silence: je me dis, «ben voyons-donc!»
Je me retiens souvent d’adresser l’incivilité de mon voisin de siège au cinéma qui texte et consulte ses réseaux sociaux en pleine représentation, et dont la luminosité intermittente du cellulaire m’agresse sérieusement, pour ne pas recevoir du pop-corn en plein visage. Personnellement, je me dis que ça ne devrait pas se passer de cette façon.
J’ai grandi dans le respect, la courtoisie, la collaboration, le savoir-vivre et la politesse. Bref, on m’a appris à agir de façon civile, tout comme à présenter des excuses lorsque nécessaire. Mais qu’est-ce qui fait qu’on se sent autorisé à faire preuve d’incivilité? La tolérance? Notre culture? Notre société? Sans vouloir faire la genèse de l’enfance, il me semble pourtant que ça part de là: apprendre tout petit l’ABC des règles de savoir-vivre et de savoir-être en société.
Laisser courir Jules en plein restaurant, Juliette hurler des ordres à ses amis au parc ou Julien parler fort en plein cinéma, ça mérite une petite discussion, non? Et pourtant…
Je fais référence à la petite enfance, mais il en va de même en milieu de travail. Je me surprends toujours de donner de la formation sur l’étiquette et la civilité, et de devoir intervenir dans des situations où l’incivilité est flagrante. Bien sûr, la formation est nécessaire, surtout en prévention du harcèlement, mais ça m’amène régulièrement à me questionner sur les bases de notre savoir-vivre.
Comme mission estivale et en prévision de la rentrée d’automne, j’aimerais vous amener à réfléchir à tous les avantages de faire preuve de civilité en milieu de travail et de ne pas tolérer toute démonstration d’incivilité, si anodine puisse-t-elle vous paraître. J’en ai répertorié quelques-uns, à vous d’en ajouter.
- Un indice de bonheur à la hausse chez vos employés: vous le verrez dans votre prochain sondage sur l’engagement et vous serez à même de le constater dans l’attitude générale et le sourire de vos employés.
- Protection de votre marque employeur et de la réputation de votre organisation: bonjour mauvais commentaire sur Glassdoor, Fishbowl et les médias sociaux… et difficultés de recrutement assurées.
- Rendement optimal et parfois supérieur des employés, et ce, à tous les niveaux hiérarchiques: qui peut être contre le fait de dépasser ses objectifs dans l’harmonie?
- Pouvoir se concentrer sur des projets innovants, le développement de la main-d’œuvre et la progression de votre entreprise plutôt que de gérer des conflits et des situations difficiles, ou d’investir dans le rétablissement du climat de travail.
- Des économies pour tout employeur (ah, le pouvoir des chiffres!): diminution de l’absentéisme et du taux de roulement (la facture associée au remplacement d’un employé est énorme, de surcroît en période de pénurie de main-d’œuvre), réduction des réclamations d’assurance, réduction de votre facture d’honoraires juridiques ou pour des enquêtes en matière de harcèlement.
Amenons Jules, Juliette et Julien à devenir de bons collègues et de bons citoyens en leur faisant prendre conscience de l’importance d’agir avec civilité dès leur plus jeune âge. Et si jamais Jules, Juliette et Julien ont conservé de mauvais plis alors qu’ils sont sur le marché du travail, aidons-les à s’améliorer: ne passons pas sous silence l’incivilité.
La civilité est une responsabilité collective.